Du Pic de Vallibierna au Tuc de Culebras par le Pas del Cavall.

Journal de poche du 04 Septembre 2023 / Parc national Posets-Maladeta / Aragon / Espagne

Pour terminer cette nouvelle saison copieuse en tant qu'accompagnateur en montagne dans le Luchonnais, j'ai décidé de réaliser un "3000" plutôt facile. Afin de ne pas être seul et de passer un moment de partage, j'ai sollicité Antonin, un collègue qui exerce le même métier que moi et motivé par la même passion de découvrir la nature sous tous ses aspects. Partis avec sa voiture, qui au passage a bien failli nous lâcher pendant le trajet, nous sommes heureusement bien arrivés au lac de Llauset sur les hauteurs du village d'Aneto. Après avoir vérifié notre matériel, nous sommes partis en direction du pic de Vallibierna situé à 3 056 m d'altitude. La montée vers ce sommet ne pose pas de difficultés particulières et offre des vues variées sur plusieurs lacs de montagne qui se succèdent dans un paysage très minéral. Arrivés vers 13h sur la crête du Vallibierna, nous nous sommes encordés afin d'atteindre le sommet mais surtout dans le but de passer le Pas del Cavall, une portion très exposée où une chute pourrait être fatale. Ce passage original a la particularité de se franchir en se mettant à califourchon sur une arrête effilée et lisse d'environ 15 mètres de longueur. Il est possible de se sécuriser grâce à quelques ancrages installés dans la roche dans lesquels on peut passer mousquetons ou dégaines. Avec un vent plutôt fort en ce milieu de journée et des bourrasques assez imprévisibles, nous avons naturellement choisi de renforcer un maximum notre sécurité en utilisant ces broches fixes. J'assure donc Antonin depuis mon baudrier de fortune qui lui-même me sécurise une fois ce passage franchi. Arrivés sur la cime du Tuca de las Culebras, nous ne tardons pas à redescendre pour éviter les bourrasques. Nous profitons tout de même des superbes vues qu'offre ce deuxième "3000" sur la vallée de Vallibierna et le massif de la Maladeta. Puis vers 15 h, nous déjeunons à l'abri du vent au niveau d'un gros rocher stabilisé sur le col de Llauset d'où nous apercevons d'ailleurs un couple de gypaètes barbus. Après une sieste de courte durée nous redescendons par le vallon éponyme occupée par de nombreuses colonies de marmottes mais aussi enluminé dans sa partie basse par de belles populations de gentianes champêtres aux couleur blanches et mauves. Nous profiterons enfin de plusieurs petites pauses devant le lac de Llauset avant de reprendre la route. 

Ascension du Pic d’Orizaba (5 675 m) par le versant nord.

Journal de poche du 26 et 27 Novembre 2022 / Cordillère Néovolcanique / Mexique

Le Pic d’Orizaba, appelé également  Citlaltépetl « montagne de l’étoile» en nahuatl, est le plus haut volcan et le 3ème plus haut sommet d’Amérique du Nord. Il est également  le 2ème édifice volcanique à avoir la plus haute proéminence dans le monde après le Kilimandjaro. Ce colosse, haut de 5 675 mètres, est recouvert de neige toute l’année. La meilleure période pour le gravir se situe durant la saison sèche, soit entre Novembre et Mars. Pour se faire il faut se rendre en minibus au petit hameau de Miguel Hidalgo situé près du pueblo de Tlachichuca. De là partent plusieurs 4x4 allant jusqu’au refuge Piedra Grande installé sur le versant nord à environ 4000 m d’altitude. Arrivés de nuit à 18 h 30, nous avons planté nos tentes à la frontale sur les quelques places disponibles. Le repos fut de courte durée puisqu’à 22h30, nous commencions à nous mettre en marche. La première partie du parcours est raide et il faut rester vigilant de nuit car le sol formé d’arène humide se dérobe vite sous les pieds. Après 2h de montée, nous arrivons enfin dans des chaos rocheux à la progression plus facile nécessitant toutefois l’usage des mains. Vers 4h du matin, les effets du froid, de l’altitude et surtout du manque de sommeil commencent à se faire sentir. Nous sommes alors aux pieds du glacier de Jamapa dont on devine la forte inclinaison dans la nuit. Au moment de préparer les cordes, trois personnes de notre groupe éprouvent des difficultés à continuer avec en cause le froid et le syndrome du mal aigu des montagnes. Une fois notre cordée prête, nous partons rapidement pour ne pas subir le froid glacial devenant de plus en plus fort. L’autre équipe nous suivra avec un peu de retard le temps d’organiser le retour en sécurité des coéquipiers qui abandonnent. La pente du glacier est plutôt raide et longue et nous oblige à faire plusieurs pauses en taillant dans la neige des cuvettes avec notre piolet. Nous attendons les premiers rayons du soleil avec impatience mais le temps ne passe pas vite. Il est 06h du matin. Nous sommes de plus en plus proches du cratère mais chaque avancée nous oblige à faire des pauses compte tenu de la forte inclinaison. Vers 06h 45 l’arrivée d’une lueur orange et des premiers rayons de soleil sont une véritable délivrance. Le sommet est en vue et nous savons que l’objectif est désormais à quelques dizaines de mètres d’être réalisé. La pose du pied sur la lèvre aplanie du cratère est une joie immense. La vue est époustouflante et tout paraît minuscule depuis ce colosse sorti de nulle part. Le temps s’arrête et chacun savoure à sa façon cet instant magique qui aura demandé beaucoup d’efforts. Après avoir remobilisé notre équipe, il est temps d’entamer la descente, une autre paire de manches qui invite à la plus grande prudence car comme toujours en alpinisme c’est là que les choses se compliquent souvent. Heureusement la neige est de bonne texture et nous réalisons de nombreux virages qui nous ramènent en plus d’une heure à l’endroit où nous avions chaussé nos crampons. La fin du parcours sera très longue avec en sus un retour direct à Mexico mais qu’importe, nous avons gravi un des plus beaux sommets du monde !

Expédition sur le volcan endormi de l’Iztaccihuatl (5 230m).

Compte rendu de l'expédition du 22 et 23 Novembre 2022 / Cordillère Néovolcanique / Mexique

L’Iztaccihuatl dont le nom signifie « femme blanche » en nahuatl est un volcan situé à environ 70 kms de Mexico. Selon la légende, cette montagne incarnerait le corps d’une princesse aztèque morte par chagrin en apprenant par erreur que Popocatépetl, un guerrier envoyé au combat par son père et qu’elle aimait éperdument, ne reviendrait pas l’épouser. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la forme de ce volcan évoque clairement une silhouette de femme allongée recouverte de neige, et ceci surtout lorsqu’on l’observe depuis l’ouest comme dans la ville d’Amecameca. Culminant à 5 230 m d’altitude, les sommets El Pecho nord et sud représentent la poitrine de la princesse. Ils offrent une vue spectaculaire sur le volcan Popocatepetl ainsi que sur les autres parties du massif (La Cabeza, Monte Venus, La Panza…) et permettent de voir par temps clair d’autres sommets imposants comme la Malinche ou le Pic d’Orizaba. Pour les atteindre il est préférable de partir de nuit vers 23h. Le dénivelé reste important et pour des raisons de sécurité, il faut arriver sur les pentes neigeuses et le glacier de bonne heure pour éviter un terrain fuyant et l’arrivée du brouillard dans l’après-midi. Le sentier qui mène au premier refuge est soutenu. Il traverse des végétations à Mulhenbergia et longe des pentes caillouteuses soutenues où il faut rester prudent de nuit. L’arrivée au refuge Grupo de los Cien à environ 4700 m d’altitude permet de faire une pause avant d’attaquer la partie la plus dure et la plus dangereuse de l’ascension. Elle empreinte un couloir d’arène fortement pentu et une arrête rocheuse bordée de précipices où une croix nommée Cruz de Guadalajara nous rappelle la tragédie de 11 étudiants pris dans une tempête et ayant chuté pour la plupart dans le vide en 1968. Cette partie étant plus accidentogène à la descente, nous déciderons de ne pas la suivre au retour. Éprouvant physiquement mais aussi mentalement, ce long passage une fois franchi mène enfin au glacier de la Panza qui ouvre la voie pour les sommets sud et nord d’El Pecho. Le soleil est alors présent au dessus de nous et réchauffe les cœurs encore engourdis par le froid mais qui partagent déjà la joie d’avoir réussi cette ascension. Après une célébration collective, nous repartons par un autre itinéraire beaucoup plus long et très sauvage où le sentier ne sera pas visible pendant une grande partie de la descente. L’arrivée du brouillard ne nous facilitera pas la tâche mais cela nous offrira une aventure plutôt hors du commun sur ce très vaste volcan !

Jusqu’à la cime du mystérieux Nevado de Toluca (4 680 m).

Le Nevado de Toluca, également appelé Xinantécatl en langue nahuatl, s’affiche comme le quatrième plus haut sommet du Mexique.  Cet ancien stratovolcan a connu une violente éruption il y’a environ 10 500 ans qui a notamment provoqué un effondrement de son édifice par vidange de sa chambre magmatique. Au fond de sa caldeira apparaissent aujourd’hui deux lacs dont les eaux changent régulièrement de couleur en fonction de l’ensoleillement. A l’instar d’autres volcans mexicains, il était un lieu de culte important pour les tribus pré-hispaniques environnantes. De nombreuses offrandes y étaient réalisées comme le prouvent les nombreux morceaux de copal et de céramique retrouvés dans le lac de la Laguna del Sol. Des sacrifices auraient également eu lieu sur cette montagne afin d’entrer en communication avec les dieux. Plusieurs légendes confortent par ailleurs l’idée que le Nevado de Toluca résulterait de la mort d’une personnalité socialement reconnue (chef de guerre, prêtre…) qui n’aurait pas écouté une ou plusieurs divinités fréquentant ce lieu et dont le cœur aurait alors brûlé sur place pour former un volcan en éruption ! Culminant à 4 680 m de hauteur, le sommet du Pico del Fraile se gagne par une course d’arrête assez engagée où une chute ne serait pas de bon présage. Concentration et prudence s’imposent donc comme les qualités requises pour tenter l’ascension de ce volcan à la réputation sulfureuse ; et ceci surtout lorsqu’il est enneigé. Une fois la cime atteinte, la descente la plus directe se fait par un couloir d’arène instable nécessitant de prendre quelques précautions pour ne pas rouler vers le bas sur plusieurs dizaines de mètres voire plus ! Les plus déterminés pourront quant à eux continuer sur la longue arrête rocheuse menant au deuxième sommet situé à l’opposé de ce vaste cratère, le Pico del Aguila (4 640m).

Des granges d'Astau (1 128 m) à l'aiguille de Litérole (3 028 m).

Journal de poche du 10 Août 2022- Pyrénées centrales - Haute Garonne

En ce début du mois d'Août 2022, les orages sont particulièrement présents dans les Pyrénées centrales et invitent à une grande prudence. Après avoir checké la météo une dernière fois, je me rends pour mon jour de congé dans le Val d'Astau avec pour projet de faire l'ascension du massif du Perdiguère en une journée.  Le soleil n'est encore pas levé et j'entame la première étape qui me mène au lac d'Oô, un magnifique écrin de montagne alimenté par une cascade haute de plus de 250 mètres. Comme d'habitude, de nombreux randonneurs et touristes sont déjà présents sur le site et je continue mon chemin en direction du lac d'Espingo et du Saussat, deux retenues d'eau naturelles installées dans des anciens cirques glaciaires situés plus haut. La vue est époustouflante avec des sommets de plus de 3000 mètres qui surplombent cette vallée en auge. J'en profite pour analyser le sens d'écoulement de l'ancien glacier en observant les marques glaciaires présentes sur le verrou du Saussat. Le soleil est désormais bien installé sur la vallée. Il est environ 10h30 du matin lorsque j'entame la montée menant au lac du Portillon. Je pénètre enfin dans le monde alpin et les randonneurs se font alors beaucoup plus rares. La flore n'est pas au mieux en cet été caniculaire et seules quelques saxifrages musquées, allosores crispées et linaires des Alpes ont encore fière allure dans  les éboulis. L'arrivée au refuge du Portillon aura été rapide et il est environ 13 h lorsque je prend mon repas près du lac. Les nuages commencent à charger mais je décide quand même de tenter l'ascension du Perdiguère. Je prends alors la direction du col inférieur de Litérole. La progression se fait dans des éboulis, petites cheminées puis se termine dans un névé. En arrivant au col, je constate qu'un orage approche en direction des Hautes-Pyrénées et me reporte donc sur le plus proche sommet localisé à quelques mètres, l'aiguille de Litérole. Il n'est pas possible d'aller plus loin sur la crète dans ces conditions, je redescends donc jusqu'au refuge d'un bon pas. Au moment de rejoindre celui-ci,  la grêle commence à tomber et le tonnerre se fait entendre.  Vers 17h, je profite du retour du beau temps pour entamer la descente. La nuit tombe progressivement et je termine le parcours dans une chaleur moite  et un silence absolu ponctué d'averses et d'échos d'orages lointains à la frontale. 

Traversée du Weissmies (4 017 m) par l'itinéraire classique.

Compte rendu du 12 au 13 Septembre 2020 - Suisse/ Valais.

En ce mois de Septembre ensoleillé, nous avons choisi, Laurent et moi, de nous rendre en Suisse pour faire l'ascension d'un sommet bien connu des habitants de la vallée de Saas, le Weissmies. En dialecte suisse allemand, le nom de ce point culminant signifie littéralement "Mousse blanche". Les habitants des environs l'auraient nommé ainsi en référence à la calotte de neige et de glace qui le recouvre toute l'année et qui le différencie des autres sommets proches.  Sa traversée nécessite donc de bien connaître les bases de l’alpinisme. Peu difficile techniquement, le Weissmies n'en reste pas moins un sommet de plus de 4 000 mètres d'altitude avec des risques importants de chutes dans des crevasses,  de décrochement de séracs ou d' éboulement de pierres. Les épisodes de chaleurs de ces dernières années ont d'ailleurs fortement modifié sa morphologie et rendu instable sa surface. Si bien qu'en quelques années le sommet principal de ce massif a perdu plusieurs mètres d'altitude tandis que, sur ses marges, plusieurs sommets secondaires se sont élevés dans le même temps ! Une grande échelle en bois a ainsi été installée pour franchir une importante cassure au niveau de la zone d'ablation du glacier. La progression dans cet espace chaotique offre, malgré sa destinée tragique, un spectacle de toute beauté devant lequel nous ne pouvons rester insensibles. Mixant randonnée glaciaire mais aussi course d'arête avec escalade libre en rocher, la traversée du Weissmies offre un parcours rythmé qui en fait certainement l'une des courses d'alpinisme les plus prisées du Valais. 

Expédition Pic Lénine (7 134 mètres) - Sommet du Trans-Alaï.

Journal de poche du 10 au 24 Juillet 2019 - Frontière Kirghizstan/Tadjikistan.

Après quelques tergiversations début 2019, je décide de participer à l’expédition partant pour le Pic Lénine au mois de Juillet de la même année. Notre équipe se compose de trois français, Denis, Nathan et moi-même. Nous souhaitons réaliser l’ascension du sommet en autonomie complète, sans guide et de surcroît sans passer par des agences de voyage. Nos sacs à dos sont évidemment très lourds au moment de l’arrivée au camp de base avancé situé à environ 3 500 m d’altitude (plus de 30 kg par personne). Nous transférons difficilement le matériel vers le camp de base officiel positionné un peu plus haut à 3 600 m. De là nous allons passer 3 jours à s’acclimater avec au programme du repos, une randonnée jusqu’au camp 1 (4 400 m) avec sac léger et un temps de révision des techniques de cordes. 

Le 4ème jour, nous décidons de monter vers le camp 1 avec tout l’équipement. La progression est difficile avec le poids des sacs et un orage éclate dans l’après-midi avec des averses de grêle nous obligeant à accélérer le pas. Nous nous perdons de vue en arrivant sur le site du camp 1 où de nombreux campements d’agences sont installés à plusieurs centaines de mètres d’intervalle et je peine à retrouver l’équipe dans cette tourmente orageuse. Les talkies-walkies nous permettent heureusement de se contacter par intermittence et de fixer un point de rendez-vous. La météo s’améliore enfin et nous pouvons alors installer nos tentes. Le lendemain, nous prenons la décision de déménager au campement situé au plus proche de la voie menant au camp 2. La vue sur le versant Nord du Lénine y est impressionnante. Des séracs innombrables côtoient des zones très crevassées qui au premier abord peuvent faire appréhender la prochaine étape. Nous planifions désormais la suite de l’ascension. La petite tente restera au camp 1 avec une partie de la nourriture. La grande tente sera quant à elle transférée au camp 2 afin de nous acclimater quelques jours. Durant cette journée de repos au camp 1 avancé, nous rencontrons un autre français, Nicolas, qui souhaite s’encorder avec nous. 

Le 7ème jour, nous partons donc au crépuscule sur une cordée de 4 personnes et entamons la voie normale du versant nord jonchée de crevasses profondes mais aussi exposée à de possibles avalanches de neige humide voire chutes de séracs sur la dernière partie du parcours. Durant cette étape menant au camp 2 situé à 5 300 m d’altitude, Denis ne se sent pas très bien et nous faisons naturellement des pauses en l’encourageant. A l’arrivée au camp 2, nous sommes tous fatigués par les effets de l’altitude mais il faut encore creuser dans la neige un emplacement pour installer la tente à l’aide de nos pelles. Pendant que Denis et Nathan se reposent à l’intérieur de notre abri en toile, je pars en repérage dans le camp 2 et trouve à ma grande surprise, à une dizaines de mètres plus haut, un point d’eau à l’image d’un trou qu’on aurait fait dans la banquise. Il n’y a donc pas besoin de faire fondre de la neige ! J’en profite alors pour remplir toutes les gourdes de l’équipe et je répète cette action plusieurs fois afin de m’acclimater. Me sentant plutôt en forme, je m’occupe logiquement de la préparation des repas pour l’équipe pendant deux jours. Je tente aussi le 8ème jour une avancée jusqu’au col situé à 5 500 m d’altitude sur la voie menant au camp 3.  

L’équipe ayant désormais repris des forces, nous décidons de nous rendre le lendemain au camp 3 et d’atteindre si possible le pic du Razdelnaya (6 148 m). Durant la nuit, plusieurs secousses de quelques secondes agitent fortement la tente. Au lever matinal, nous découvrons les restes d’une petite avalanche qui s’est produite non loin de notre tente ! Après un petit-déjeuner rapide, nous partons enfin vers le camp 3. Cette étape nous paraît plus abordable avec seulement 800 m de dénivelé positif. Mais à cette altitude, les effets de l’hypoxie sont encore plus forts et nous font avancer lentement. Le col une fois franchi, je me sens soudainement en méforme et Nathan me conseille de redescendre au camp 2. Pendant que l’équipe continue l’ascension, je décide de me poser une petite heure au col à grignoter des sucreries et à discuter avec quelques personnes. Puis me sentant légèrement mieux au bout d’une petite heure, je retente l’ascension en progressant lentement. L’équipe est déjà loin devant et je ne parviens pas à les contacter avec le talkie-walkie. La montée menant au camp 3 est usante et interminable. Une petite dose d’adrénaline m’aidera à avancer à un bon rythme si bien que j’arriverai peu de temps après que l’équipe ait atteinte le pic du Razdelnaya. Surpris par mon arrivée, nous célébrons ce premier sommet par une jolie photo ! Les sensations étranges produites sur le corps à cette altitude nous amènent à ne pas trop s’attarder au camp 3. Nous regagnons donc de nouveau le camp 2 pour y passer la nuit. Puis le lendemain, nous rejoignons de nouveau le camp 1 afin de nous y reposer avant l’ascension finale. 

Au cours de cette journée de repos, les avis divergent quand à la suite de l’expédition. Le checking météo sur place suscite de repartir le 12ème jour du camp 1 jusqu’au camp 3 afin de tenter le sommet le jour suivant. Je suis pour ma part trop fatigué pour remonter aussi haut et aussi rapidement. Je resterai donc au camp 1 en attendant les autres. Avec un dénivelé positif dépassant les 1 100 m, un froid nocturne glacial et une exposition prolongée en très haute altitude, la dernière étape entre le camp 3 et le sommet s’annonce rude et très longue. Partis de nuit vers 1 h du matin, Nathan et Nicolas parviendront à la réaliser après plus de 9 h de marche (retour non compris !).  Denis abandonnera vers 6 400 m d’altitude et attendra le reste de l’équipe au camp 3. Nous retiendrons que même si nous n’avons pas tous réussi l’ascension du sommet, nous avons chacun contribué au succès de l’expédition. Avec un goût d’inachevé, je repars tout de même fier de cette longue aventure alpine avec en prime une nouvelle expérience de la haute montagne. 

Le Dôme de neige des Écrins (4 015 m) par la voie normale.

Journal de poche du 30 Mai 2019 au 01 Juin 2019/ Hautes Alpes - Briançonnais.

Notre ascension démarra le jeudi 30 Mai 2019 en milieu d’après midi à hauteur du parking du Pré de Madame Carle (altitude - 1 874 mètres). Les conditions météo étaient excellentes avec un temps anticyclonique annoncé sur plusieurs jours. Après un checking rapide de notre matériel, nous sommes partis, Denis, Nathan et moi, en direction du refuge du glacier Blanc. Une première montée sinueuse nous attendait avant d’arriver au contact des premières neiges. Le franchissement de la zone frontale du glacier Blanc n’était pas aisé. Des ponts de neige instables surmontaient en effet de nombreux écoulements sous-glaciaires. Avec des sacs à dos avoisinant les 20 kg, nos jambes s'enfonçaient parfois jusqu’à 80 cm de profondeur. Ce n’était évidemment pas la bonne heure pour traverser ce type de passage. Le soleil commençait à disparaître derrière les silhouettes rocheuses des arêtes nord-ouest quand nous arrivâmes à proximité du premier refuge. La neige gelait doucement mais il était venu le moment de trouver un site pour camper. Nous nous arrêtâmes en bordure du glacier Blanc à environ 2 600 mètres d’altitude sur une petite plateforme abritée puis, après avoir creusé à l’aide de nos pelles un emplacement pour poser notre tente, nous avons dîné.  Le froid s’installant rapidement, nous partîmes nous coucher relativement tôt. La nuit fut tranquille et au petit matin vers 06 h 15 nous commençâmes à lever le camp. Équipés de nos crampons, nous remontâmes une grande partie du glacier avant de faire une pause en contrebas du refuge des Écrins. Nous décidâmes alors de planter la tente non loin du premier raidillon situé sur le versant nord de la célèbre Barre éponyme. Vers 10 h nous entamâmes l’ascension finale. Avec plus de 800 mètres de dénivelé positif sur de fières pentes enneigées jonchées de séracs et parcourues de rimayes, le défi s’annonçait conséquent. Après trois heures et demi d’efforts physiques importants, notre cordée arriva au sommet du Dôme de neige des Écrins où une magnifique vue sur les Alpes et le Briançonnais nous attendait pour ce merveilleux weekend qui curieusement était celui de l’Ascension !

De la vallée du Lys (1 120 m) au pic de Maupas (3 109 m).

Journal de poche du 01 au 02 Septembre 2018/ Pyrénées centrales

Pour marquer la fin d'une saison estivale passée à Superbagnères en tant qu'accompagnateur en montagne et afin de profiter pleinement de mes derniers jours dans les Pyrénées centrales,  je souhaitais faire l’ascension d’un sommet que je contemplais depuis deux mois ; le pic de Maupas. Appartenant au massif du Lys-Caillaouas, cette imposante masse rocheuse, de forme triangulaire et entourée de névés, captait avec insistance mes regards portés vers l’horizon. Intrigué de faire son ascension, je suis parti un samedi après-midi depuis la très jolie vallée du Lys. Le dénivelé s’annonçait conséquent avec environ 2 000 mètres positif. Il valait donc mieux passer une nuit en refuge avant d’attaquer la montée finale qui s’annonçait éprouvante et non sans risques. En ce début du mois de septembre, la flore pyrénéenne était encore bien représentée en altitude avec des espèces toujours en fleurs à l'image de l’Armérie des Alpes, la Parnassie des marais, la Linaire des Alpes, la Saxifrage faux-Orpin, la Saxifrage nervée ou la Saxifrage musquée. J’ai pu aussi observer à ma surprise le Lycopode sélagine dans les pentes escarpées de la Tusse de Maupas. L’accès au pic présentait un passage délicat nécessitant prudence et concentration. Placé entre l’ancien glacier et le versant nord, le « Maupas », qui signifie en occitan mauvais passage, peut poser des difficultés notamment lors de la descente. Après avoir réussi l’ascension du sommet et profité d’une vue magistrale sur la Maladeta, le pic Perdiguère et le cirque des Crabioules, j’ai en effet éprouvé quelques sueurs froides au moment de revenir sur le névé faute de prises suffisantes pour les mains et les pieds. Les isards que j’avais photographié quelques heures plus tôt étaient sans aucun doute bien plus à l’aise que moi sur ce type de manœuvre ! Après une matinée riche en émotions, je suis enfin reparti en faisant un petit crochet par le lac Bleu et le lac Vert, un joyau d’émeraude que les Pyrénées centrales et leurs brebis ne sont pas prêtes de céder aux randonneurs.

A l'assaut du volcan actif Lascar (5 592 mètres).

Considéré comme l'édifice volcanique le plus actif de la région septentrionale du Chili, le Lascar, qui pourrait se traduire en dialecte atacamien comme "la langue" en raison de sa forme légèrement arrondie, se présente comme un des stratovolcans les plus instables de la cordillère des Andes. Culminant à plus de 5 500 mètres d'altitude, ce colosse né des entrailles de la Terre a connu depuis 1848 environ 28 éruptions. Son ascension expose de fait les Hommes à des risques naturels importants. L'émanation de gaz très toxiques constitue d'ailleurs une des plus grandes menaces pour les ascensionnistes en l'absence d'une manifestation volcanique plus intense. Il apparaît donc impératif de prendre des précautions et de se renseigner sur les conditions météo la veille et le jour du départ. Des vents forts pourraient en effet transporter rapidement du sulfure d'hydrogène et provoquer un accident mortel en cas d'inhalation. Dans un environnement de haute altitude des plus arides où les UV et les courants d'air sont particulièrement puissants, il est évident que le port d'une casquette, d'un bonnet, d'une bonne paire de lunettes de soleil et de plusieurs litres d'eau s'avère essentiel pour réussir ce type d'ascension. Véritable aventure dans des paysages à couper le souffle, l'ascension du Lascar reste, en dehors de ces contraintes environnementales, un défi sans véritables difficultés techniques. Seule une bonne dose de patience, de courage et de grande curiosité vous aideront à gravir inlassablement les longues pentes menant à la lèvre supérieure du cratère principal.

Ascension du Cerro Toco (5 604 mètres)

Journal de poche du 27 Novembre 2017 / Puna de Atacama / Chili

Après avoir pris notre petit déjeuner sur San Pedro de Atacama, nous sommes partis, le dab et moi, en direction de l’observatoire astronomique du Cerro Toco où se situe d’ailleurs le plus haut télescope permanent du monde, l’ACT (Atacama Cosmology Telescope). Dans un environnement aride et rocailleux où de nombreuses pistes et chemins partaient dans tous les sens, il n’était pas aisé de se repérer malgré nos cartes et GPS. Toutefois avec un peu d’analyse et de bon sens, nous sommes parvenus assez rapidement jusqu’au très haut plateau de l’observatoire astronomique. L’altitude commençait à faire effet et en sortant de notre véhicule, une sensation étrange de flottement m’envahit. Nous étions suffisamment acclimatés mais le dénivelé réalisé en 4x4 était peut être un peu trop élevé et rapide dans le temps. Quoi qu’il en soit nous étions prêts à réaliser l’ascension du Cerro Toco.  Les premiers pas avertirent tout de suite qu’une trop forte dépense d’énergie serait un frein à la progression.  Lentement mais surement, nous gagnâmes le premier col où nous pouvions observer les premiers pénitents de neige. Le soleil était plombant, l'atmosphère tantôt froide, tantôt chaude, et l’air extrêmement sec. Curieusement je n’avais pas très soif mais me forçait à boire régulièrement. Alors que le dab devait naturellement faire des pauses régulières, je me sentais pour ma part et à ma grande surprise très à l’aise à l’effort. La deuxième montée passait dans des chaos de roches volcaniques colorées par des oxydes de souffre. Arrivés à un replat, il fallait ensuite fournir un dernier effort pour atteindre le sommet et profiter d’une vue magistrale sur les volcans Licancabur et Juriques, la Laguna Blanca, le salar d'Atacama, le sud Lipez bolivien ainsi que la Cordillère des Andes. Chose faite, nous célébrâmes d'une bonne poignée de main cet instant unique mais aussi  authentique qu'on ne partage que peu de fois dans une vie.  

Ascension du pic d'Aneto (Espagne) - Sommet des Pyrénées

Journal de poche du 25 au 27 Mai 2017.

Notre ascension vers le massif de la Maladeta commença le Jeudi 25 Mai 2017 aux alentours de 13h. Après un petit déjeuner à l'ombre, nous partîmes, mon frère et moi, en direction du refuge de Corones situé dans le fond de la vallée de Vallibierna. Les conditions météo étaient excellentes; nous savions toutefois que des orages risqueraient d'éclater en fin de journée. Dans cet environnement aride escarpé où dominaient grandes cascades, falaises abruptes, torrents impétueux et forêts de pins, nous pûmes apprécier les charmes et les parfums printaniers de l'étage montagnard méditerranéen. Le chemin était roulant et ne présentait pas de difficultés. Nous rejoignîmes rapidement le refuge puis empruntâmes ensuite un sentier de montagne balisé seulement par quelques cairns. Celui ci longeait la rive droite du torrent de Corones et s'élevait progressivement à travers des pinèdes aux tapis frais et humides dans lesquels s'épanouissaient plusieurs fleurs tels que gentianes des Alpes, hépatiques à trois lobes, primevères à feuilles entières, pulsatilles des Alpes ou encore violettes. Après une petite heure de montée, nous arrivâmes dans l'ancien cirque glaciaire de Corones. Nous décidâmes de continuer l'ascension afin de camper beaucoup plus haut. La fatigue commençait à se faire ressentir et nous installâmes nos tentes dans la neige près du lac supérieur à 2 700 mètres d'altitude. Le temps changea rapidement et nous entendîmes l'orage gronder. Les averses de pluie s'intensifiaient et nous ne nous sentions pas en sécurité. Nous prîmes alors la décision de redescendre jusqu'au cirque de Corones. Les tentes étaient trempées mais une brise crépusculaire permit de sécher lentement nos affaires pendant le repas tardif du soir. La nuit fut courte et le lendemain matin, nous partîmes sur les coups de 07h15 en laissant de nombreuses affaires jugées inutiles pour l'ascension finale. Avec des sacs plus légers, nous marchions bien plus vite et arrivâmes rapidement en bas du glacier de Corones. Nous chaussâmes les crampons et prîmes les piolets pour entamer une montée imposante. Le froid du matin permit de ne pas terminer sur une neige pourrie qui aurait compliqué clairement la progression. Arrivés au col de Corones situé à 3 200 mètres d'altitude, il fallait encore continuer sur des pentes à neige très instables. Une avalanche se déclencha d'ailleurs au loin et nous invita à rester prudents. Après plusieurs pas laborieux nous arrivâmes devant le Pas de Mahomet, une ligne de crête accidentée et étroite d'une dizaines de mètres de longueur et dont les bords se perdaient doucement dans le vide. Pour être en confiance nous nous encordâmes et escaladâmes ces gradins lentement tout en restant très concentrés. L'approche du sommet était imminente et d'un grand pas en avant nous pûmes enfin partager les bonheurs de l'arrivée !

Dormir à la belle étoile en haute montagne.

Campement à 3000 m - Pique d'Estats - Pyrénées
Campement à 3000 m - Pique d'Estats - Pyrénées

La haute montagne est un milieu hostile pour l'Homme. Les conditions climatiques y sont rigoureuses (diminution de la température, baisse de l'humidité atmosphérique, apparition de vents forts et rayonnement U-V plus intense). Le corps humain doit ainsi faire face à des contraintes physiques à risques mais aussi à certaines modifications physiologiques (baisse de la consommation maximale d'oxygène, diminution du taux d'hémoglobine...). On ne le répétera jamais assez mais la montagne ça ne s'improvise pas ! Lors d'une nuit à la belle étoile, il est vivement conseillé de trouver d'abord un abri topographique qui vous protégera du vent. Le vent amplifie l'effet du froid et ceci surtout lorsqu'il est chargé d'humidité. Il faudra également veiller à bien s'isoler du sol. La déperdition thermique du corps se fait en effet souvent par le bas. L'idéal est de dormir sur un matelas de sol gonflant, l'air étant un très bon isolant. Le sac de couchage devra lui être adapté à des températures négatives importantes et si possible avoir un revêtement hydrophobe. Contrairement à une nuit en tente où la chaleur latente est conservée autour de vous, ici il faudra un sac à pouvoir réchauffant beaucoup plus fort et qui assure en même temps respirabilité et imperméabilité. Pensez à prendre des bâches pour protéger l'ensemble des cailloux anguleux et pour s'abriter si changement de temps. L'expérience n'en sera que plus réussie. 

Sur la piste mythique de l'infernal Overland Track !

Compte rendu du 24 au 29 Avril 2013 / Tasmanie / Australie

L’Overland Track figure parmi les treks les plus prestigieux de notre planète. Traversant les hauts plateaux isolés de la Tasmanie, cette randonnée sub-alpine de 82 km de long parcourt une nature sauvage exceptionnelle qui impose de s'équiper en autonomie complète. De nombreux sentiers secondaires appelés « side tracks » existent sur le parcours et offrent des possibilités de s’écarter de l'itinéraire principal afin de réaliser pour exemple des ascensions de sommets proches comme celui du Mount Ossa, le point culminant de la Tasmanie. Peu courtisé en période automnale et hivernale, ce trek m'a permis de vivre une aventure hors du commun dans des paysages authentiques sublimes et incroyablement diversifiés. Serpentant à travers des pelouses alpines peuplées d’éricacées, longeant des tourbières dominées par d'élégants Gymnoschoenus, crapahutant dans des formations doléritiques façonnées par les dernières glaciations quaternaires ou zigzaguant encore dans des forêts humides tempérées abritant des pandanus, eucalyptus ou nothofagus ; l’Overland Track impressionne par ses changements soudains de décors mais aussi par ses grands contrastes climatiques. Lors de ma progression, j’ai rencontré des conditions météorologiques contraignantes avec en exemple de fortes averses de neige, des brouillards épais, des pluies diluviennes ou encore des vents puissants alimentés par les redoutables quarantièmes rugissants. Le chemin n’était pas toujours bien visible et prenait parfois l’allure d’un ruisseau. Certains aménagements avaient été détruits par les inévitables « heavy rains » et obligeaient à trouver des contournements pour ne pas avoir l'équipement baignant dans l’eau. Malgré une entorse de la cheville en milieu de parcours, l’Overland Track aura constitué au-delà de ce qui s'annonçait être un trek original,  une véritable aventure riche d'enseignements mais aussi d'humilité. 

Quel sac à dos pour partir ?

Sac à dos perso 75L, Rotorua, Nouvelle Zélande (photo ugo)
Sac à dos perso 75L, Rotorua, Nouvelle Zélande (photo ugo)

Avant de partir en trekking, le randonneur prépare toujours l' équipement nécessaire à la réalisation de son projet. Le choix du sac s'avère ici très important puisqu'il est l'outil qui nous accompagnera sur toute la durée d'un voyage ou d'une randonnée de plusieurs jours. Une fois mis sur le dos, le sac doit procurer une sensation de confort et de légèreté. Si ces deux premiers critères ne sont pas réunis alors le voyage risquera de ne pas être une partie de plaisir. Pour assurer une certaine garantie, il est à mon sens nécessaire d'investir dans un équipement auprès de fabricants professionnels de la randonnée. Les prix sont souvent élevés mais ils témoignent de la très bonne voire excellente qualité et ergonomie des produits. Les tissus sont bien plus robustes et les fermetures éclairs sont solides voire imperméables pour certains modèles. De nombreux réglages permettent aussi d'ajuster le sac à notre dos. Inutile de prendre des sacs trop volumineux, un sac de 55 litres ou de 65 litres est amplement suffisant pour quelques jours de randonnée. Pour des longs treks en autonomie, on se dirigera plutôt vers des sacs de 75 ou 85 litres. A noter que des couvertures de pluie sont fournies généralement avec les sacs. Il est cependant illusoire de penser qu'elles les protégeront efficacement des très grosses averses. Pour garder au sec le matériel, il est conseillé d'emballer les vêtements dans des sacs poubelles et de doubler les couvertures de pluies. L'idéal étant toutefois de se procurer une cape de pluie type poncho qui empêchera l'eau de s'infiltrer dans l'espace situé juste à l'arrière de notre dos.