Le monde de la chasse voudrait-il la peau du Lynx boréal ?

Lynx boréal, Bayerischer Wald (photo Ugo)
Lynx boréal, Bayerischer Wald (photo Ugo)

C’est un constat tragique qui se dessine pour une espèce protégée au niveau national et international. Avec des cas officiels de braconnage en augmentation en France mais aussi dans d’autres pays comme la Suisse et l’Autriche depuis 2015, le Lynx boréal dans sa variété européenne (Lynx lynx carpathicus) semble véhiculer une image de plus en plus négative auprès du monde de la chasse. Le cas récent d’une femelle de 3 ans ayant reçu une balle dans le tibia en ce début d’année 2023 dans le Haut-Jura confirme que cette espèce n’est toujours pas prête de vivre des jours tranquilles malgré son statut de protection. En sachant que les fragiles noyaux de population côté français ne tiennent en partie que grâce à des projets de réintroduction frontaliers, il apparaît stupéfiant de recenser un nombre aussi élevé de cas de braconnages et d’empoisonnement dans notre pays. Pourquoi un tel acharnement et qui se cache derrière ces actions illégales ?  Voilà deux principales questions qui se posent dans un contexte où la chasse demeure plutôt hostile au retour de ce prédateur. Fait notablement intéressant, la très grande majorité des individus officiellement braconnés ont été retrouvés morts sur place ou déplacés non loin du lieu de l’infraction. En aucun cas ils n’ont été prélevés pour leur fourrure ni pour un quelconque trafic de trophées. Bien au contraire, ces animaux ont été détruits gratuitement par exemple d’un tir précis dans la tête comme ce mâle découvert à Fellering en Alsace en Janvier 2020 ou d’un puissant coup de fusil de chasse dans la cage thoracique comme ce jeune adulte retrouvé dans le Doubs en Décembre 2020. Des évènements macabres tels cette trouvaille en août 2013 d’un sac plastique lesté de pierres dans une rivière autrichienne avec à l’intérieur une mère et son petit ou ces restes identifiés en 2019 d’un lynx jeté dans un gouffre de la commune de Fontenu dans le Jura en disent long sur ce type de pratique. Ces destructions sont le fruit d’une méconnaissance complète de l’animal par un héritage de croyances et de traditions infondées ou bien clairement d’une mise en place délibérée d’un « plan anti-lynx » par des chasseurs radicalisés peu scrupuleux de la loi. La position des fédérations de chasse invitées à participer au débat au travers de commissions dans le cadre des plans régionaux d’actions en faveur du retour du plus grand félin d’Europe montre que ce prédateur est loin d’être accepté sur le territoire. Prétextant que le Lynx boréal prélèverait beaucoup trop de chevreuils et de chamois et qu’il causerait des impacts négatifs sur leurs lots de chasse, le monde des chasseurs juge fondamental la mise en place d’un programme prédateur-proies (PPP) consistant à évaluer les effets cumulés de leur activité cynégétique et de la prédation de ce carnivore. Malgré des avis défavorables émis par le conseil national de protection de la nature et une forte opposition d’associations environnementales, ce plan a bien vu le jour dès 2018 et prévoit de capturer au maximum 10 félins, au moins 30 chevreuils et 30 chamois, de les marquer et de les équiper pour certains de GPS afin de suivre sur dix ans leurs interactions sur des périmètres d’études localisés dans le Jura, l’Ain et la Haute-Savoie. Protocole contraignant nécessitant des moyens importants et constituant également un péril pour le lynx compte tenu de ses faibles effectifs (entre 100 et 150 individus selon l’OFB en 2021), ce programme est mené surtout dans une logique cynégétique plus qu’une réelle volonté de protection de l'espèce. La mise en place du plan national d’actions en faveur du Lynx boréal pour la période 2022-2026 montre qu’il apparaît plusieurs zones d’ombres, des manquements et des questionnements quant à la sauvegarde de cet animal. L’association Athénas qui est engagée très activement pour la protection de ce mammifère dont elle recueille régulièrement des orphelins séparés de leur mère disparue dénonce pour exemple une sous-estimation du braconnage avec des moyens largement insuffisants pour enrayer ce phénomène, l’absence totale de remplacement d’individus abattus, la mise à l’écart d’acteurs associatifs jugés essentiels dans le comité de pilotage ou encore la main mise du lobby de la chasse sur ce plan national d’actions avec des budgets avantageux. À la différence du Loup gris et de l’Ours brun, le Lynx boréal a moins d’impact sur les animaux d’élevage, ce qui en fait un casse tête grandissant pour le monde des chasseurs qui y voit potentiellement un concurrent direct menaçant à terme ses activités de régulation. C’est peut être là une des clés pour comprendre cet acharnement silencieux qui se  déroule depuis des années dans plusieurs pays d’Europe. 

Un lièvre qui n'est pas prêt de dormir sur ses deux oreilles !

Lièvre de Californie, États-Unis (photo Ugo)
Lièvre de Californie, États-Unis (photo Ugo)

Le Lièvre de Californie (Lepus californicus) fait partie de la grande famille dite des « lièvres du désert ». À l’instar de ses congénères vivant dans ce type de biome, il possède de très grandes et larges oreilles qui lui servent naturellement à bien entendre mais surtout à réguler sa température corporelle en augmentant la surface de contact entre ses vaisseaux sanguins auriculaires et l’air ambiant. Ainsi par des phénomènes de contraction et de dilatation de ces canaux superficiels qui acheminent le sang, celui-ci peut agir efficacement sur sa chaleur interne en maintenant un équilibre thermique situé entre 38 et 39,5°C. Au-delà de cette faculté de thermorégulation bien développée, le Lièvre de Californie peut également compter sur une homochromie de qualité pour se camoufler dans son environnement. C’est notamment durant le jour, lorsqu’il se repose près d’un arbuste ou dans une petite dépression installée à la surface du sol, qu’il peut être particulièrement vulnérable vis-à-vis de prédateurs comme la Buse à queue blanche, la Buse de Swainson, l’Aigle royal, le Pygargue à tête blanche, le Puma,  Le Lynx roux, le Coyote, le Loup gris ou encore le Renard gris d’Amérique. En cas de danger imminent, celui-ci peut miser sur sa grande vélocité pour fuir une éventuelle attaque. Avec des pointes de vitesse dépassant les 60 km/h, il peut aisément échapper à la plupart de ses prédateurs. Sa grande taille, en comparaison d’autres lièvres, lui permet de faire des bonds supérieurs à 3 mètres ! Seuls les petits lapereaux venant de naître ne pourront exploiter l’ensemble de ces capacités physiques et seront dès lors sujet à une plus forte vulnérabilité. La nuit arrivée, le Lièvre de Californie devra ensuite commencer sa quête de nourriture indispensable à sa survie. Il sélectionnera de préférence des plantes renfermant un fort pourcentage d’eau afin de bien s’hydrater et se portera volontiers au printemps sur de fraîches graminées et de nombreux arbustes tels que le Mesquite,  le Créosotier ou l’Armoise tridentée. Les cactacées,  notamment du genre OpuntiaYucca ou Carnegiea, constitueront une part non négligeable de son alimentation en hiver afin de pallier le manque de végétaux dans les chaparrals. Durant ces moments de nourrissage, il restera placé sous la menace de prédateurs nocturnes comme le Grand-duc d’Amérique ou la Chouette des terriers. Sa très bonne ouïe due à ses grandes oreilles pivotantes lui permettra dans bien des cas de déjouer plusieurs velléités d'attaques. Ainsi se dessine la vie de cet animal qui tentera tant bien que mal de rester aux aguets de tout danger et pour lequel on ne pourra jamais reprocher de faire la sourde oreille !

La Loutre marine naviguerait sous le cap des 1000 individus.

Lontra felina, Parc national Llanos de Challe, Chili (photo Ugo)
Lontra felina, Parc national Llanos de Challe, Chili (photo Ugo)

C’est une destinée bien souvent tragique que de naviguer près ou sous le cap des 1000 individus pour une espèce sur Terre. Pourtant tel est le cas de nombreux animaux comme la Loutre marine classée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction avec comme statut « en danger » depuis 2004. Cet animal endémique de l’Amérique du Sud vit principalement sur les côtes rocheuses du Pérou, du Chili et de l’Argentine. L’espèce souffre actuellement de l’urbanisation croissante sur le littoral, de la pêche industrielle, du braconnage, de la pollution maritime, des prédations de chiens domestiques ou errants, ou encore dans une moindre mesure du phénomène climatique El Niño. Sa répartition sur les côtes d’Amérique du Sud demeure mal connue. Les premières estimations de sa population remontent à la fin du 20ème siècle. Castilla et Bahamondes proposent un premier chiffre de 200 à 300 individus pour le Pérou en 1979. La même année, le scientifique Vaz-Ferreira évalue la population de loutres marines de toute l’Amérique du sud à environ 1000 individus. Ce chiffre symbolique est toutefois remis en cause en 1999 par Siefield et Castilla qui jugent la méthodologie de comptage insuffisante. Depuis, plusieurs rapports ont vu le jour pour établir des densités de population de loutres par kilomètre de côtes étudiées (Medina 1995, Apaza et al. 2004, Mangel et Alfaro-Shigueto 2004, Medina-Vogel et al. 2007…). En considérant les indices de densité les plus élevés, les dernières études menées entre 2008 et 2011 arrivent à une estimation de la population de loutres marines comprise entre 789 et 2131 individus au Pérou (Valqui 2011). Mais cette extrapolation doit être évidemment nuancée puisqu'elle maximise les résultats. Comme le soulignent Medina et Vogel en 2006, la part des indices de présence retrouvés sur le terrain comme les déjections apparaissent comme un critère prévalant sur le nombre d’observations, tout comme les prélèvements ADN qui apportent des réponses sur la variabilité génétique de l’espèce et ses dynamiques. Ainsi pour l’heure aucune méthode scientifique ne permet d’être sûr du nombre d’individus présents en Amérique du Sud. D’autant que les scénarios formulés dans la liste rouge des espèces menacées de 2011 prévoient un effondrement de 50% de la population de loutres marines au cours des 30 prochaines années. Le principe de précaution s’applique donc pour une espèce qui semble impuissante face à la fragmentation des habitats et dont la capacité d’adaptation reste fort limitée. Naviguer sous le cap des 1000 individus n’a jamais pris une tournure aussi plausible pour la loutre marine qui malgré les efforts de protection semble bien condamnée à nager en eaux troubles pendant de longues années. 

Devenir chamois : un apprentissage à géométrie variable ?

Jeune éterlou,  Hautes-Vosges (photo ugo)
Jeune éterlou, Hautes-Vosges (photo ugo)

C’est à l’écart de la harde, par un printemps avancé, que la chèvre met bas dans un endroit calme et abrité de son domaine vital. Le chevreau ne tient encore pas sur ses pattes qu’il cherche déjà à se déplacer. Cette précocité au déplacement semble innée chez les chamois et elle permet assurément d’augmenter les chances de survie de l’espèce dans son environnement en échappant pour exemple à ses prédateurs. Ainsi, seulement quatre jours après sa première tétée de colostrum, le chevreau est capable de se mouvoir rapidement pour fuir un éventuel danger qui le menacerait. Entièrement dépendant de sa mère jusqu’à l’âge de quatre mois, moment définitif du sevrage, le cabri ne deviendra véritablement autonome qu’à partir de l’âge d’un an et demi. Avant cette nouvelle étape de la vie, celui-ci restera aux côtés de sa mère et de la harde afin de continuer son apprentissage. Il mimera notamment les comportements des adultes par observation, développera sa musculature et son équilibre en jouant avec les jeunes de son âge ou expérimentera ses premières rencontres avec d’autres animaux y compris l’Homme. Peu farouches, les chevreaux sont d’ailleurs une cible facile pour les chasseurs qui les tirent en toute légalité et parfois à bout portant. Issue d’autant plus dramatique que le taux de mortalité des jeunes approche les 50% durant leur premier hiver. La rudesse de la vie sauvage et de la période hivernale constituera ainsi un enseignement primordial pour les jeunes chamois qui auront survécu à ces premières années. Devenus adultes, les mâles se porteront ensuite conquérants solitaires de nouveaux espaces tandis que les femelles renforceront l’organisation matriarcale de la troupe sous le commandement d’une femelle bréhaigne expérimentée. Leur apprentissage sera dès lors le fruit de nouvelles expériences individuelles ou collectives.  C’est enfin durant la période du rut allant de fin octobre à mi-décembre, que mâles et femelles se retrouveront pour certainement accomplir un des derniers moments cruciaux de leur initiation. En donnant la vie et en se portant messager d’un nouvel apprentissage, les chamois finaliseront alors un cycle essentiel à leur survie. 

Dis voir le cerf, à quoi ça sert de bramer comme ça ?

Cerf élaphe en période de brame (photo Ugo)
Cerf élaphe en période de brame (photo Ugo)

Comme chaque année, le cerf entre en rut à l’arrivée de l’automne. Son cri rauque et puissant résonne si fort dans le calme nocturne des forêts qu’il réveille en chacun de nous des sentiments d’effroi, de crainte, d’humilité, de fascination mais aussi de profond respect. Cet appel solennel et incessant que l’on entend toute le nuit jusqu’au petit matin prouve l’importance de cette période stratégique dans la survie de cet animal imposant à fière allure. Mais comment interpréter cette démonstration sonore ? Le brame serait-il uniquement une manifestation physique et biologique d’un mâle en état de s’accoupler ? Les réponses sont multiples et doivent évidemment être nuancées. D’une part, les cerfs reproducteurs ne brament pas toujours durant la saison des amours. C’est le cas notamment des très jeunes sujets rapidement écartés mais également des individus en phase de sénescence qui préfèrent rester en retrait des places de brame contrôlées par des cerfs vigoureux, agressifs et en pleine force de l’âge. L’expression de ce cri sauvage aux multiples variations sonores ne dépend donc pas uniquement de ce processus physiologique arrivé à maturité. Il se présente aussi comme un moyen d’affirmer sa domination sur un territoire, de répondre aux autres mâles adultes en les invitant à participer à des combats violents et d’indiquer sa présence certaine auprès d’un groupe de biches alors entrées en œstrus. Cette période des chaleurs est peut être d’ailleurs l’élément principal de déclenchement du brame chez de nombreux mâles. Elle peut avancer ou reculer dans la saison en fonction des conditions climatiques du moment. Quoiqu’il en soit, cet épisode particulier de la vie du cerf invite à une grande prudence lors de sorties en forêts. Transcendés par leur poussée hormonale, les cerfs peuvent avoir des réactions incontrôlées pouvant causer des accidents possibles envers l’Homme. Ils ne doivent en aucun cas être dérangés sous peine de mettre en échec leur reproduction et in fine la santé de leur population. 

Pour un nettoyage de charognes, 3615 code vautour fauve.

Vautour fauve, Pyrénées centrales (photo Ugo)
Vautour fauve, Pyrénées centrales (photo Ugo)

Guetteurs du ciel à la perception visuelle affûtée, les vautours fauves emmènent dans leurs tournoiements les signes annonciateurs d’une mort certaine ou imminente d’un être animal. Etape incontournable du cycle de la vie, le nettoyage des charognes reste à bien des égards l’affaire de spécialistes à l’image souvent ternie. Longtemps chassés, piégés ou encore empoisonnés, ces rapaces diurnes en mal de reconnaissance occupent pourtant un rôle crucial dans le nettoyage, le recyclage et l’assainissement des écosystèmes de moyenne montagne. Évitant la propagation de maladies et autres infections immunitaires en ne dédaignant pas les chairs même putréfiées, ils participent indéniablement à l’amélioration des conditions sanitaires de notre environnement. Oiseau grégaire, le Vautour fauve agit toujours dans l’intérêt de sa colonie en avertissant pour exemple ses congénères de la présence d’un cadavre au sol. Se rassemblant en grand effectif, ils pratiquent alors ce qu’on appelle la curée, un moment de nourrissage collectif très animé qui durera de quelques heures à quelques jours et dans lequel les vautours plongeront avec énergie leur tête et leur long cou duveteux jusqu'au plus profond des entrailles d’un corps sans vie. Ce spectacle teinté d’agressivité et d’excitation engendrera des querelles inévitables entre des individus souvent affamés. Une fois rassasiés, les vautours fauves digéreront tranquillement leurs repas sur place avant de s’envoler vers un plan d’eau pour y nettoyer leur plumage maculé de sang. La carcasse délaissée pourra quant à elle faire le plaisir d’un oiseau atypique, le Gypaète barbu, un rapace de grande envergure spécialisé dans le recyclage ultime des derniers restes comme les ligaments, tendons, cartilages et os. Véritable processus d’équarrissage naturel, le nettoyage de charogne fait ainsi appel à un réseau de spécialistes organisé, toujours disponibles sur le terrain, et dont le seul investissement demeure celui d’une simple protection des espèces.

Le Spermophile arctique, un expert de l'hibernation extrême.

Spermophile arctique, Alaska (photo ugo)
Spermophile arctique, Alaska (photo ugo)

Dans les immenses toundras du grand Nord où la vie tourne au ralenti, de curieux petits animaux s'agitent furtivement parmi les végétations rasantes des terrains caillouteux. D'un hochement de tête rapide et de soubresauts multiples, les spermophiles de l'arctique annoncent leur grand retour en plein jour. Après avoir passé huit longs mois sous terre sans la moindre activité physique, ces écureuils terrestres savourent enfin les plaisirs d'une vie active. Affaiblis par l'hibernation, les spermophiles savent dès leur réveil que les journées seront comptées avant l'arrivée du prochain hiver. Ils doivent alors faire le plein de ressources nutritives et assurer rapidement leur reproduction. L'accouplement sera dès lors très précoce et permettra à la femelle d'assurer le sevrage de ses petits sans une trop forte dépense d'énergie. Lorsqu'ils auront stocké suffisamment de graisses dans leurs corps, les spermophiles seront prêts à regagner leurs terriers tapissés de lichens et de feuilles pour une nouvelle hibernation. Les femelles partiront les premières accompagnées de leurs 5 à 10 petits dès le début du mois d'août. Les mâles les rejoindront en septembre le temps de stocker d'autres réserves dans les terriers afin de pallier le manque de nourriture du lointain prochain réveil. Dotés de capacités biologiques exceptionnelles, les spermophiles parviendront à abaisser leur température corporelle jusqu'à la limite des - 2,9°C. Dans leur profond sommeil, leur rythme cardiaque pourra descendre jusqu'à un seul battement par minute ! Ces fonctions extraordinaires permettront à l'écureuil terrestre de survivre au froid ravageur de l'hiver boréal et de continuer à perpétuer sa descendance en dépit d'un rythme d'existence des plus surprenants.

L'Ours brun, un mammifère au statut de super-prédateur ?

Ursus arctos, Alaska (photo ugo)
Ursus arctos, Alaska (photo ugo)

Placé au sein de la cohorte des férungulés carnivores terrestres dans la classification phylogénétique actuelle, l'Ours brun (Ursus arctos) a hérité du statut de mammifère prédateur. Son imposante stature (parfois plus d'1,5 mètre de haut au garrot) et sa forte masse corporelle (jusqu'à 850 kg pour l'ours de Kodiak) lui permettent de s’afficher comme le plus grand et le plus gros fissipède de la planète en compagnie de l'ours polaire. Dernier maillon de sa chaîne alimentaire en excluant l'Homme, l'Ours brun se retrouve logiquement parmi les espèces qualifiées de super-prédateurs. Mais ce statut est-il vraiment justifié au regard de son régime alimentaire et de son comportement ? L'Ours brun est en effet avant tout un omnivore à dominante végétarienne. Les 80% de son alimentation se composent de fruits, de bulbes, de tubercules, de racines, de graines, de miel, d'herbes, de fleurs ou encore de champignons. Seuls les 20% restants font place à une alimentation d'origine animale avec au menu des insectes, des poissons, des œufs, des micro-mammifères, des mollusques, des amphibiens, des charognes et quelques grands mammifères surtout lors d'épisodes de pénurie. Les années sèches constituent ainsi pour l'ours brun le principal facteur qui tend à modifier son régime alimentaire. En l'absence de stress écologiques, celui-ci se satisfait amplement des produits végétaux fournis par son écosystème. Le statut de super-prédateur étant lié à la notion de régulation des populations, l'ours brun n'occupe finalement pas une place majeure dans l'équilibre des zoocénoses dès lors que son opportunisme l'éloigne d'autres espèces véritablement carnivores. Avec son statut d'omnivore à tendance végétarienne, l'Ours brun montre que la phylogénie ne peut être interprétée à sens unique.

Animaux du grand nord américain.

Les zones septentrionales d'Amérique du nord représentent des milieux géographiques où les conditions climatiques sont rudes pendant une longue partie de l'année. Le froid, la raréfaction des ressources alimentaires et l’absence de lumière durant l'hiver transforment ces contrées reculées en véritables terres hostiles. Dans ces régions du Grand Nord, les animaux ont toutefois su s'adapter pour survivre. Certaines espèces comme l’Écureuil terrestre de l'Arctique et la Marmotte des Rocheuses hibernent par exemple pendant de longs mois avant de réapparaître au grand jour. D'autres espèces comme le loup arctique, l'orignal ou le caribou parcourent courageusement de vastes étendues à la recherche perpétuelle de nourriture. Pour éviter la prédation et s'alimenter en toute discrétion, des animaux comme le Lagopède des saules ou le Renard polaire changent de couleur dès l'arrivée des premières neiges. Le Grizzli, quant à lui, attend patiemment la fin du printemps pour refaire le plein d'énergie. Ce sera alors le moment venu, pour de nombreux animaux, de préparer les réserves nécessaires avant l'arrivée du prochain hiver. 

Au royaume des eaux tropicales, le Crocodile marin est roi.

Crocodile marin, Northern Territory, Australie (photo ugo)
Crocodile marin, Northern Territory, Australie (photo ugo)

Avec une taille pouvant atteindre les 6 mètres de longueur et une masse approchant la tonne de kilogrammes, le Crocodile marin ne passe pas inaperçu dans les méandres des rivières tropicales! C'est d'ailleurs le plus grand prédateur reptilien connu actuellement sur notre planète. Sa mâchoire puissante, composée de 64 à 68 dents pointues, peut engendrer une pression d'environ 1600 kilogrammes par centimètre carré ! Redoutable navigateur, ce reptile a la particularité de se mouvoir sur de très longues distances en empruntant les courants marins. Dotée d'une excellente capacité d'adaptation, celui-ci s'épanouit dans différents types de milieux (estuaires, océan, marécages, bras morts, rivières). Son régime alimentaire est de fait peu contraignant. Au stade juvénile, il s'attaque principalement à des poissons, des crustacés, des reptiles et petits mammifères puis à l'âge adulte il ne refuse pas des proies plus massives comme des kangourous, des buffles, des requins, des autres crocodiles et parfois des Hommes. En Australie, plusieurs accidents sont recensés chaque année dans le Queensland et le Northern Territory, notamment lors de la saison humide quand les crocodiles remontent vers l'intérieur des terres. Sa réputation de monstre des eaux est à l'origine d'une chasse sans merci depuis des siècles. En Asie du sud, l'espèce a d'ailleurs quasi disparu. Menacée d'extinction en raison de la chasse intensive et aussi du braconnage pour sa peau, l'espèce fait désormais l'objet de mesures de protection internationales, malheureusement celles-ci ne sont surtout appliquées qu'en Australie et de façon peu maîtrisée. 

Animaux d'Australie, bonsoir !

L'Australie regroupe de très nombreuses espèces endémiques sur son territoire. Les marsupiaux en sont un exemple incroyable puisqu'ils forment à eux seuls une infra-classe du règne animal qui ne peut être observée que sur cette gigantesque île et la Tasmanie. L'isolement de cet espace géographique et son immensité a permis de préserver des formes de vie exceptionnelles. Certaines espèces présentent des ressemblances troublantes avec des espèces primitives du Mésozoïque, c'est le cas par exemple des crocodiles marins mais également de nombreux mammifères et oiseaux. 


Dans le piège de l'araignée crabe !

Prédation par l'araignée crabe (photo Ugo)
Prédation par l'araignée crabe (photo Ugo)

Bien que de taille très modeste, l'araignée crabe n'hésite pas à s'attaquer à des proies plus grandes qu'elle. Pour se faire, cet arachnide se loge dans les corolles de diverses fleurs puis enclenche un mécanisme de mimétisme impitoyable pour les visiteurs. En sécrétant un pigment liquide, l'araignée crabe parvient en effet à imiter les couleurs des fleurs visitées. Son allure générale peut ainsi varier du blanc au jaune en passant par le vert. Grâce à ce type de camouflage, l'araignée crabe n'a pas besoin de se déplacer et de construire une toile. La proie lui vient directement servie sur un plateau ! Il n'est alors pas rare d'observer des cas de prédation envers des insectes imposants comme des abeilles, des bourdons ou de grands papillons. Comme de nombreuses araignées, elle voyage dans les airs par l'intermédiaire d'un fil déployé au vent. Des scientifiques ont d'ailleurs pu montrer qu'elle pouvait, par ce mode de transport, se déplacer sur près de 300 km à partir de son point d'envol ! Ces stratégies surprenantes de mimétisme et de colonisation des milieux font ainsi de l'araignée crabe un prédateur des plus redoutables.

Peuple des milieux humides, attention où vous marchez !

C'est bien souvent, sans que l'on s'en aperçoive, qu'on écrase des êtres vivants sous nos chaussures. Pour nous marcheurs, on ne fait pas assez attention aux petits animaux qui se déplacent, vivent ou se reposent sur le sol et même à l'intérieur de celui ci ! Avec un peu de délicatesse et de calme, vous pourrez alors découvrir qu'il existe un monde de vie avec des formes et des couleurs incroyables. Je vous propose un petit tour au royaume des milieux humides afin d'y découvrir quelques uns de ses habitants remarquables.