Cladonia : un genre de lichens à forte diversité spécifique.

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Thamnolia vermicularis, un symbiote artico-alpin surprenant.

"Thamnolia vermicularis", Pyr. (photo Ugo)
"Thamnolia vermicularis", Pyr. (photo Ugo)

Thamnolia vermicularis est un lichen fruticuleux de couleur blanc crayeux appartenant à la famille des Icmadophilaceae. Son aspect filiforme lui vaut depuis plusieurs siècles son épithète spécifique dans la nomenclature binominale ; mais également son appellation vernaculaire de ver blanc « whiteworm » dans plusieurs pays anglophones. Bien que largement cité par la communauté scientifique dans de nombreuses régions géographiques et zones montagneuses du monde, ce lichen boréo-alpin mérite, au regard des travaux de recherche les plus récents, une nouvelle évaluation de sa répartition dans le monde. Pouvant être désormais séparé de Thamnolia subuliformis et Thamnolia tundrae, deux taxons apparentés qui sont d’ailleurs encore considérés par certains auteurs comme de simples variations spécifiques, l’espèce aurait finalement, de par sa lignée, une distribution essentiellement limitée au massif alpin et aux Carpates (Onut-Bränström, Johannesson et Tibell, 2018). La mise en évidence de son chimiotype à base d’acide thamnolique constituait auparavant un critère important de différenciation. Mais cette technique s’est révélée insuffisante au regard de l’analyse complexe de son génome. Longtemps décrit comme un être vivant stérile par son absence d’apothécies et autres organes reproducteurs, ce lichen fruticuleux a montré qu’il possédait bien des pycnides dans certaines de ses populations pour assurer sa reproduction asexuée (Lord et al., 2013). Aussi surprenant soit-il, il existe dans le monde plusieurs « combinaisons » possibles de Thamnolia vermicularis qui mettent en évidence des flexibilités symbiotiques selon les conditions écogéographiques rencontrées. Pouvant s’associer à différentes espèces d’algues unicellulaires du genre Trebouxia, cet ascomycète ne semble pas montrer de préférence dans le choix de ses photobiontes. En considérant que l’espèce se reproduit de manière asexuée en produisant des « clones » par fragmentation de son thalle principalement, la diversité de ses partenaires symbiotiques devrait s’en trouver réduite. Or cet ascomycète a prouvé qu’il s’associait à de nombreuses algues unicellulaires non monophylétiques et ceci souvent dans une proportion égale voire même supérieure à celle d’autres lichens (Nelsen et Gargas, 2009). Il en résulte une production de nombreux métabolites et autres composés chimiques ayant pour certains des propriétés antibactériennes mais aussi médicinales. Comme l’ont démontré plusieurs scientifiques chinois en 2017, Thamnolia vermicularis permettrait de combattre des maladies évolutives du type Alzheimer. L’ethnolichénologie nous apprend d’ailleurs que ce lichen entre dans des remèdes traditionnels de peuples himalayens. Surnommé par exemple au Tibet « thé des neiges », ce lichen possède la réputation d’être bienfaisant au niveau énergétique et d’avoir des vertus apaisantes. À l’instar d'autres organismes lichéniques, il porte en lui les espoirs de nouvelles découvertes scientifiques. 

Le Lichen des rennes, un abonné au menu du Grand Nord ?

Cladonia rangiferina, Vosges (photo Ugo)
Cladonia rangiferina, Vosges (photo Ugo)

Cladonia rangiferina est un lichen fruticuleux de couleur gris cendré que connaissent bien les populations autochtones des régions froides. Colonisant les sols pauvres et acides des toundras mais aussi des taïgas clairsemées, il fait partie des paysages typiques du Grand Nord et des régions montagneuses de la zone tempérée. Les éleveurs nomades de ces vastes contrées le considèrent généralement comme une ressource alimentaire non négligeable pour leurs animaux d’élevage en hiver. Le peuple sámi aurait d’ailleurs appris au célèbre naturaliste Carl von Linné que le renne (Rangifer tarandus) en était friand si bien qu’il le nomma Lichen rangiferinus dans son ouvrage Species plantarum publié en 1753. Bien que cette réputation perdure depuis des siècles, il semblerait toutefois qu’en raison de son amertume, cette espèce ne soit pas la plus consommée parmi les lichens poussant dans les landes subarctiques. En revanche elle trouve de nombreux usages au sein de différentes tribus du monde. Dans l’est de l’Himalaya par exemple, les Monpas, un groupe ethnique proche des tibétains vivant principalement dans l’état de l’Arunachal Pradesh, utilisaient ce lichen comme remède traditionnel pour extraire les calculs rénaux. En Alaska, des indiens de la tribu Dena’ina située au sud avaient pour coutume de faire bouillir cet ascomycète dans de l’eau qu’ils buvaient ensuite pour traiter les diarrhées. Ils le consommaient également seul ou en mélange avec des baies, des œufs de poissons ou du saindoux pour se nourrir. La cuisson demeurait importante pour éviter des maux d’estomac possibles liés aux nombreux acides présents dans le thalle (acide junicédrique, barbatique, didymique, imbricatolique...). Renfermant également d’autres substances chimiques, le Lichen des rennes possède plusieurs propriétés antibactériennes et antigènes pouvant combattre le staphylocoque doré ou des maladies dégénérescentes de type encéphalopathie subaigüe spongiforme transmissible. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait apporté des résultats sur différents types d’affections. En Scandinavie, le Lichen des rennes aurait également était consommé avec du lait pour se soigner à l’image du Cétraire d’Islande et il entrait parfois dans la production d’aquavit, un spiritueux bien connu de la culture nordique. En Suède, il était traditionnellement placé en hiver dans les vieilles maisons entre deux vitres afin d’absorber le surplus d’humidité qui causait de la buée voire du givre sur les carreaux. De par son esthétisme, il servait et sert encore de décoration intérieure dans certains foyers et permet dans un autre registre d’imiter des arbres pour la réalisation de maquettes. Bien que non exhaustifs, tous ces usages témoignent que le Lichen des rennes fait bien partie du folklore des peuples du « Grand Nord » et qu’il constitue de par son abondance une composante inévitable de la vie des Hommes. 

Le Cétraire d'Islande : du folklore à la médecine traditionnelle.

Cetraria islandica, Vosges (photo Ugo)
Cetraria islandica, Vosges (photo Ugo)

C’est en 1737 que le naturaliste suédois Carl von Linné décide de nommer dans son ouvrage intitulé Flora Lapponica un lichen dont les usages et les coutumes étaient connues sans doute depuis plusieurs siècles dans les pays nordiques. La "Mousse d’Islande", appelée Islandslav en Suède ou Fjallagrös en Islande, hérite dès lors dans la nomenclature binominale du nom de Lichen islandicus. L’héritage oral mais aussi les traditions scandinaves en vogue de cette époque apprennent au célèbre scientifique que ce lichen possède de nombreuses vertus médicinales pour soigner notamment des toux, des rhumes et autres maladies respiratoires. Il apparaît également dans de nombreux contes populaires de la mythologie nordique comme en Islande et en Norvège dans lesquels sont souvent cités des êtres cachés à l’apparence changeante comme les elfes. Ces apparitions surnaturelles se produisent généralement lorsqu’une paysanne ou un paysan s’en va récolter des lanières de cette « mousse » curative dans les landes environnantes. Aussi surprenant soit-il, le folklore scandinave fait état d’une multitude d’usages depuis le 16ème siècle jusqu’à aujourd’hui, faisant ainsi du lichen d’Islande le remède naturel le plus utilisé dans la médecine traditionnelle des pays nordiques. Grâce à une étude menée par Vernon Ahmadjian et Sven Nilsson en 1962 pour le compte de l’American Swedish Historical Museum et avec le soutien du Squibb Institute for Medical Research, il a pu être confirmé que le Lichen d’Islande a été largement utilisé pour traiter la toux, les rhumes, les catarrhes, les maladies de peau mais aussi le diabète, les néphrites, les maladies chroniques, la tuberculose et autres maladies graves. Son utilisation médicale reposait principalement sur une décoction faite à partir de lait ou d’eau qu’on buvait soit froid ou chaud. Du miel ou du chocolat pouvait être additionné afin d’atténuer l’amertume libérée par les différents acides présents dans le lichen. Il était également possible de l’incorporer dans des desserts ou des plats traditionnels voire de le transformer en gelée. Les pharmacies, quant à elles, le vendaient généralement en poudre après l’avoir fait tremper dans une solution alcaline pour enlever l’âpreté. La plupart des lichens vendus dans les officines de Suède provenaient de pays comme la Yougoslavie, la Russie ou la Pologne. La raison tient au fait que la récolte était perçue comme peu rentable dans les pays scandinaves. D’ailleurs, pour les Lapons, le lichen d’Islande représentait une valeur inestimable de ressource alimentaire pour les rennes en hiver, si bien qu’ils ne l’ont jamais valorisé même en tant que colorant pour leurs vêtements traditionnels très colorés. Dans le Härjedalen, province suédoise frontalière de la Norvège, un témoignage rapporte que le bétail était nourri avec plusieurs récoltes qui avaient été congelées en hiver et que le lait avait la réputation d’être bienfaisant. Durant la deuxième guerre mondiale, des témoignages venant de l’île de Gotland ont permis de savoir que des paysans ont nourri leurs cochons à la "Mousse d’Islande" pour faire face à la pénurie de denrées alimentaires. L’étude rapporte également que pendant les périodes de famines ou de faibles récoltes, les autochtones utilisaient ce lichen pour confectionner du pain et ceci certainement déjà avant le 19ème siècle. Aujourd’hui la science confirme que le Cétraire d’Islande présente bien des propriétés antibiotiques, antitussives et même antitumorales grâce à son mucilage, sa cétrarine et ses acides usniques et protolichestériniques. Cependant il se révèle aussi toxique à forte dose et comme tous les champignons stocke des métaux lourds comme le plomb. Paradoxe de la médecine, les adeptes de ces usages traditionnels se diront peut être à l'instar du poète polonais Juliusz Slowacki qu’« un remède amer produit toujours un effet salutaire ».

Un voyage spatial à bord du célèbre Lichen géographique !

Rhizocarpon geographicum (photo ugo)
Rhizocarpon geographicum (photo ugo)

Vaisseau privilégié des voyages en milieu extrême, le Rhizocarpon geographicum alias Lichen géographique a été conçu à partir d’hyphes fongiques et d’algues vertes chlorococcoïdes du genre Trebouxia. Sa structure se présente comme un assemblement de compartiments anguleux de couleur jaune appelés aréoles dans lesquels sont fabriquées des substances chimiques permettant notamment aux êtres vivants qui le composent de résister aux fortes variations de température, au bombardement nocif des radiations solaires et à la déshydratation prolongée. Des disques sporigènes noirs de forme variable, installés sur la paroi intérieure de ses unités structurales, lui donnent la possibilité de se répliquer lentement dans son espace tout en restant interconnecté dans le temps. Grâce à leurs propriétés exceptionnelles et leur système d’intelligence biologique, les vaisseaux du genre Rhizocarpon peuvent coloniser des environnements terrestres totalement dépourvus de vie. C’est d’ailleurs dans les milieux les plus hostiles que le Lichen géographique a pu faire ses preuves en se fixant pour exemple sur des rochers siliceux de très haute altitude fortement exposés au vent, au gel et aux rayonnements ultra-violets. Son aptitude à supporter des conditions extrêmes lui ont également valu un voyage expérimental dans l’espace dans le cadre de la mission Foton-M2 lancée à l'occasion du programme de recherche BIOPAN-5 en 2005. Selon l’Agence spatiale européenne, le Lichen géographique a été exposé en orbite basse pendant 14,6 jours avant de retourner sur Terre. Les résultats de l'expérience ont montré que Rhizocarpon geographicum possède la capacité de résister aux rayonnements cosmiques de l’espace sans modification de son activité photosynthétique. Il ouvre ainsi la voie à de nouvelles expériences sur le transfert de la vie entre planètes et démontre qu’il pourrait possiblement survivre sur Mars !

Ramalina, une usine naturelle à forte production de sucres.

Ramalina farinacea, M.-C. (photo ugo)
Ramalina farinacea, M.-C. (photo ugo)

Dans les enceintes de cet édifice mycélien à l’architecture des plus originales se trouvent les organes vitaux d’un processus de production tout à fait remarquable. Fruit d’une collaboration vertueuse ancrée depuis des milliers d’années entre une algue verte unicellulaire et du mycélium, Ramalina a su fortifier son activité biochimique par la mise en place de relations symbiotiques étroites. Grâce à ses multiples échanges de services en interne et ses importantes ressources naturelles (CO2, H2O, sels minéraux, énergie solaire…), la fabrique s’est notamment spécialisée dans la production de « sucres » appartenant à la famille des polyhexoses, des glucides complexes proches de la dextrine ou de l’amidon. Conscients des capacités de son appareil productif, plusieurs chimistes se sont alors penchés, au cours des derniers siècles, sur la possibilité de synthétiser des produits dérivés à partir de ces substances déjà élaborées. C’est ainsi qu’en 1870, à la suite des travaux de recherche du professeur Stenberg, 17 usines apparaîtront en Suède dans le but de produire plusieurs millions de litres d’alcool à partir des glucides produits par les différentes fabriques de Ramalina (farinacea, fastigiata, fraxinea…). Hélas, la difficulté à s’approvisionner auprès des fournisseurs et le faible rendement conduiront au déclin rapide de cette aventure industrielle. Durant la deuxième guerre mondiale, deux entreprises russes tenteront également d’utiliser le même procédé de synthèse mais cette fois pour produire du glucose afin de faire face à la pénurie de betteraves sucrières qui sévit dans le pays. Aujourd’hui délaissée en grande partie par l’industrie agrochimique et pharmaceutique, Ramalina continue de fonctionner sans le moindre problème et rappelle que dans un monde orienté vers le profit, le « productivisme » durable est loin d'être l’œuvre d’actionnaires et de fonds d’investissement quelconques. 

Écologie d'un lichen foliacé toxiphobe, la Platismatie glauque.

Platismatia glauca, Auvergne (photo Ugo)
Platismatia glauca, Auvergne (photo Ugo)

Dotée d’un thalle peu épais de couleur gris-bleu pastel avec des marges délicatement frisées, la Platismatie glauque apporte de l’enchantement et de la vitalité dans les forêts d’altitude disparaissant régulièrement dans les brumes. S’épanouissant principalement sur des écorces de feuillus et de conifères, ce lichen foliacé, de la famille des Parméliacés, apprécie également les biotopes bien exposés à la lumière. Véritable indicateur de la qualité de l’air, la Platismatie glauque s’avère être un organisme vivant réagissant rapidement aux différentes sources de pollution atmosphérique comme les émissions d’oxyde d’azote, les émanations de dioxyde de souffre ou encore les importants rejets de gaz carbonique produits en grande partie par les activités humaines. Intoxiquée par des taux trop élevés de ces molécules dans l’air, son métabolisme décline alors lentement jusqu’à mettre en péril l’association symbiotique vertueuse qui se réalisait entre ses filaments mycéliens et des algues vertes unicellulaires complexes appartenant au genre Trebouxia.  Afin d’assurer sa dissémination dans l’espace et sa survie, la Platismatie glauque n’a dès lors pas d’autre choix que de se réfugier dans des milieux forestiers épargnés par ces agressions chimiques. Pour cela elle peut compter sur sa stratégie de multiplication végétative prolifique basée sur une production intense de sorédies mais aussi sur la mise en place de plusieurs cycles de reproduction sexuée où de rares apothécies libéreront des spores fertiles. Malgré son statut de lichen commun, la Platismatie glauque n’en reste pas moins un être vivant sensible qui pourrait annoncer, en cas de raréfaction, un futur quelque peu alarmant pour nos écosystèmes.

Letharia vulpina : Une tradition ancestrale amérindienne.

Letharia vulpina, Etats-Unis (photo ugo)
Letharia vulpina, Etats-Unis (photo ugo)

Dans l'immensité des forêts sauvages de la côte ouest nord américaine s'observe depuis des millénaires un lichen fruticuleux remarquable dont les couleurs jaunâtres et verdoyantes rappellent celles de certains élixirs mystérieux ou autres liqueurs à base de plantes. Il faut croire qu'en dépit de ces métaphores futiles, les indiens d'Amérique avaient autrefois déjà porté des visions symboliques sur ces curieuses architectures et teintes du monde de la nature avant même de les avoir expérimentées. Ces fabulations spirituelles n'étaient toutefois pas le seul motif à leur utilisation. Les aborigènes connaissaient également bien leurs propriétés. C'est d'ailleurs une des  raisons pour laquelle ce lichen fut nommé par les scientifiques Letharia vulpina en référence à l'usage qui en était fait jadis par certains peuples indigènes des contrées nordiques pour se protéger des visites de renards (Vulpes vulpes) mais surtout de loups. Pour ce faire, les autochtones récoltaient à l'aide de leurs paniers de nombreux morceaux de ce petit arbuste corticole qu'ils réduisaient ensuite en poudre. Mélangée parfois à des matières grasses ou de la poudre de verre dans le but d’accroître les effets, ils réalisaient une mixture empoisonnée qu'ils incorporaient à des carcasses de rennes ou d'autres animaux qu'ils avaient chassés. A la recherche de nourriture, les charognards comme les loups et les renards s’intoxiquaient en mangeant l’appât et succombaient de leur empoisonnement. La molécule responsable de cette intoxication n'était autre qu'un acide puissant connu désormais sous le nom d'acide vulpinique. C'est d'ailleurs cette substance chimique qui donne une couleur "chartreuse" au thalle arborescent. Les amérindiens s'en servaient dès lors comme colorant pour embellir leurs plumes ou décorer leurs paniers. Dans certaines tribus, on utilisait aussi la poudre de Letharia vulpina en cataplasmes pour soigner des brûlures ou encore pour stopper des saignements. Cette dernière spécificité bien que peu répandue n'en garde pas moins une véracité scientifique dont seuls quelques indiens en connaissaient le secret. 

Un grand bol d'air pur avec le Lichen pulmonaire !

Lobaria pulmonaria, Vosges (photo ugo)
Lobaria pulmonaria, Vosges (photo ugo)

Autrefois répandu dans nos grandes forêts de plaine, le Lobaria pulmonaria est progressivement devenu une espèce de lichen ne pouvant être observée qu'en montagne ou dans des espaces forestiers isolés des activités humaines. Sa très forte vulnérabilité à la pollution de l'air, et en particulier aux oxydes de souffre, l'a contraint à quitter de nombreux milieux naturels où il s'était installé depuis plusieurs milliers d'années. Précieux indicateur de la qualité de l'air, ce lichen corticole foliacé aux allures de salade doit son appellation non pas aux conditions atmosphériques dans lequel il s'épanouit mais à la forme de son thalle qui rappelle étonnement celle des alvéoles de notre système pulmonaire. Utilisé jadis dans le domaine de la pharmacopée pour ses propriétés antitussives et antimicrobiennes, le Lobaria pulmonaria a longtemps été perçu comme un remède traditionnel permettant de soigner diverses maladies respiratoires. Dans la réalité, ces vertus thérapeutiques ont surtout été attribuées à une autre espèce de lichen, le Cetraria islandica, un lichen fruticuleux des zones boréales appartenant à la famille des Parméliacés et dont les études scientifiques ont prouvé une véritable efficacité des mucilages sur l'appareil pulmonaire du corps humain. Quoiqu'il en soit, le lichen pulmonaire restera dans l'imaginaire des Hommes un trésor authentique de la nature pouvant guérir différents maux respiratoires. Sa présence dans les forêts feuillues d'altitude en fait indéniablement un indicateur naturel d'exception nous renseignant sur la qualité de l'air et la santé de nos écosystèmes.

Chrysothrix chlorina, la poussière d'or des rochers de grès.

Chrysothrix chlorina, Vosges (photo ugo)
Chrysothrix chlorina, Vosges (photo ugo)

Lichen pulvérulent appartenant à l'ordre des Arthoniales, le Chrysothrix chlorina se reconnaît facilement à ses couleurs or et jaune soufré. Affectionnant les roches gréseuses des milieux tropicaux et tempérés, cette espèce recherche surtout des conditions humides et ombragées pour se développer. Afin de se reproduire, ce lichen émet, après avoir déchiré son thalle poussiéreux, des sorédies. Ces "granules" sont en fait des agrégats composés d'hyphes et d'algues unicellulaires assemblés en une structure organisée. Très légers, ces organes de reproduction asexuée sont facilement transportés par le vent, l'eau et les animaux et permettent ainsi la dissémination de l'espèce sur d'autres rochers. Lichen remarquable par sa couleur et son aspect, le Chrysothrix chlorina intriguait autrefois les Hommes qui pensaient avoir découvert une poussière magique aux propriétés possiblement thérapeutiques. Il fut en fait surtout utilisé dans le passé comme colorant. En Scandinavie, on employait par exemple ce lichen dans la culture traditionnelle pour colorer la laine de mouton. La poussière d'or ne fut donc pas la panacée tant attendue des premiers scientifiques mais la science actuelle et future n'exclut pas de nouvelles découvertes qui pourraient redorer l'image d'un lichen oublié.